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La violence éducative ordinaire

Source : site "Prévention des violences sexuelles".


L’Observatoire de la violence éducative ordinaire nous aide chaque jour, lorsque l’on lit ses articles, à comprendre ce qu’est la violence éducative ordinaire.


Selon Olivier Maurel, on peut définir la violence éducative ordinaire comme étant "tous les comportements qui se veulent éducatifs, mais qui sont des formes de violence physique, verbale ou psychologique tolérées ou préconisées dans une société donnée".


Les autres membres de l’OVEO nous expliquent aussi que « la violence éducative ordinaire commence avec tout comportement destiné à convaincre l’enfant qu’un adulte sait forcément mieux que lui ce qui est bon pour lui et, à ce titre, doit en être obéi « pour son bien ».


L’adulte se croit moralement supérieur parce qu’il est plus puissant, plus expérimenté. Cela justifie une multiplicité d’abus plus ou moins subtils s’appuyant sur une argumentation de « sagesse », de « raison », que pourra reprendre ensuite l’enfant envers les plus petits ou les plus faibles que soi.

Sans témoin lucide, l’enfant ne peut identifier cet abus et le reproduira à son tour lorsqu’il deviendra parent. Pour lui, ses actes seront justifiés et justifiables de la même manière qu’on les lui a imposés.

« L’éducation à l’obéissance est donc le premier acte de violence éducative ordinaire, le pilier sur lequel d’autres violences plus visibles vont pouvoir s’appuyer. Car elle établit comme incontestable l’autorité parentale à laquelle l’enfant doit obéir. En fait, l’obéissance « par principe » de l’enfant est instaurée pour les seuls besoins de l’adulte. »


« Aucun enfant n’agit naturellement de façon dangereuse ou volontairement blessante, envers soi-même ou autrui. Dressé à obéir, il sera peut-être docile, « sage », répondra peut-être aux attentes de l’adulte, mais sera-t-il alors vrai ? Tout enfant porte en soi les besoins d’attachement, d’imitation et de sensibilité à l’autre qui lui permettront de devenir un adulte responsable et bienveillant sans dressage, grâce à l’accompagnement modeste, attentif et affectueux des adultes qui l’entourent, à condition que ceux-ci ne cachent pas leurs refus et exigences personnels légitimes derrière une prétendue autorité pour le « bien » de l’enfant…


On l’admet difficilement si l’on se sent incapable soi-même d’être un parent « à la hauteur » : la crainte du jugement de ses propres parents intériorisés n’est pas loin. Si l’on ne se sent pas capable de « bien » accompagner son enfant, il est illusoire de croire que par l’éducation à l’obéissance on va limiter les dégâts.

Quoi qu’il en soit, définir la violence éducative ordinaire n’a pas pour but de soutenir les parents mais, en disant la vérité, de leur faire prendre conscience de ce qui, sous le prétexte d’éducation, fait violence à leurs enfants… donc à l’enfant qu’ils ont été. »

Or, s’agissant de la question des violences sexuelles, bien souvent le parent semble encore moins conscient de ses actes et du fait qu’il pratique de telles violences sexuelles éducatives ordinaires au quotidien.


Que sont les violences sexuelles éducatives ordinaires ? Que recouvrent-elles ?

Il s’agit de toute situation entre l’enfant et le parent qui crée un inconfort pour l’enfant vis à vis de son corps, de ses parties intimes, de ses parties génitales. Il s’agit de toutes ces situations dans lesquelles se retrouve un enfant du fait d’un comportement d’un parent et plus largement d’un adulte qui ne l’aide pas à pouvoir se sentir libre, sans emprise, sans domination dans son rapport avec son sexe, ses parties intimes, son intimité et sa pudeur.


Ces situations sont plus que nombreuses et elles débutent dès la naissance. Bien trop souvent, ces actes, gestes et paroles sont disqualifiés, justifiés, niés voir même sacralisés. Mais, ils génèrent en réalité un rapport de domination entre l’enfant et le parent. Il n’y a plus aucun rapport d’égalité entre eux. Il n’y a dans ce contexte aucune bienveillance du parent à l’égard de son enfant. Le corps de l’un est ainsi laissé au bon vouloir, à la bientraitance ou à la maltraitance de l’autre.

Ces violences sexuelles éducatives ordinaires, dont on parle peu, ont pour conséquence une anesthésie générale de la société sur les comportements adéquats à adopter avec son enfant pour respecter à tout instant son corps et ses parties intimes, que ce soit dans le cadre de l’exercice global de l’autorité parentale, des soins d’hygiène, des moments d’affection portés à son enfant, des soins médicaux et qu’ils s’exercent au domicile familial, chez d’autres membres de la famille ou au sein d’établissements scolaires par exemple.


Cette omniprésence, cet entretien et cette fausse invisibilité des violences sexuelles éducatives ordinaires, leur quotidienneté couplée à un fonctionnement hypersexualisé de notre société a pour effet de renforcer le tabou de l’inceste, d’accroître les difficultés pour lutter activement contre la culture du viol et, de façon plus globale, nuit à l’interdiction légale de tous les actes pédocriminels et aux moyens qui permettent de les faire cesser.


L’adoption d’une démarche préventive et toute attitude de prévention des violences sexuelles commises à l’encontre des enfants, sont, dans ce contexte quasi impossibles.

La nécessité de reconnaître dans l’éducation que l’on donne à son enfant, dans ses pratiques éducatives les violences sexuelles éducatives ordinaires est donc un préalable.

Ne pas reconnaître l’existence des violences sexuelles éducatives ordinaires, c’est soutenir que les violences sexuelles sont peu nombreuses, exceptionnelles et ne touchent pas les enfants. Or, le nombre de faits rapportés et les décisions judiciaires prises pour protéger les enfants nous démontrent tout le contraire.


Aussi, est-il indispensable de prendre conscience de ses propres conduites en tant que parent, de ses pratiques au sein de sa propre famille, afin que déjà ses propres enfants soient pleinement respectés en tant que personne.

Si les viols, agressions sexuelles sur mineur.es et autres actes de pédocriminalité rapportés par les médias font grand bruit, ceux-ci ne sont que la face visible de l’ensemble des violences sexuelles éducatives ordinaires qui font le quotidien des enfants.

Afin de vous accompagner dans cette prise de conscience et cette reconnaissance de pratiques éducatives sexuelles maltraitantes, voici une table des violences sexuelles éducatives ordinaires que nous avons pu recenser.


La table des violences sexuelles éducatives ordinaires sur le site :



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