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Survivre aux violences sexuelles

Les violences sexuelles sur mineur·es causent des séquelles dévastatrices chez les survivant·es.


Outre les conséquences émotionnelles et psychologiques qu’elles engendrent, elles seraient également un facteur de risque pour l’apparition de dysfonctions sexuelles et gynécologiques à l’âge adulte.

Face à l’Inceste @AIVI a mené une enquête intime et exclusive auprès de ses adhérentes pour explorer ce lien et ses conséquences.


Les premiers signaux d’alarme

Les troubles gynécologiques sont perçus comme des symptômes révélateurs d’une face cachée de l’iceberg chez les victimes de violences sexuelles dans l’enfance. En effet, ils sont souvent le premier signe chez les survivantes témoignant qu’il y a quelque chose qui cloche. Il s’ensuit des interrogations sur leur passé et un réveil d’amnésie dissociative. Selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), les troubles gynécologiques recouvrent de nombreuses réalités : des masses pelviennes de type cancéreux ou non, des douleurs pelviennes, des saignements vaginaux ou bien encore des écoulements vaginaux anormaux.

“Mes accouchements difficiles ont réveillé les traumatismes. Ma dernière césarienne a été horrible. J’ai eu la sensation d’être violée encore une fois, car on est immobile, on ne peut pas bouger et ce sont des hommes qui ont leurs mains dans notre corps, témoigne Jade*, survivante d’inceste par son père, qui a eu plusieurs grossesses compliquées à cause d’un col inerte. “Après l’accouchement de mon fils, des flashs sont venus. Je me disais que ce n’était pas possible, c’est mon père, je suis folle. Après la naissance de ma deuxième, ces flashs sont devenus si forts que je ne souhaitais plus que mon mari m’approche. C’était trop difficile. Dès qu’il essayait de m’approcher, je me disais que c’est sale, que je n’ai pas le droit, ce n’est pas sain. Là, je me suis dit que ce n’est pas normal, il y a un problème.” Grâce à ces premiers signaux d’alerte, Jade a entamé une thérapie lui permettant de mettre des mots sur son passé.

Le parcours d’Ambre est assez similaire. Plusieurs échecs à répétition durant son parcours de procréation médicalement assistée (PMA) la pousse à consulter une ostéopathe qui relève la source du problème. “Elle a tout de suite senti que mon utérus était immobile, c'est-à-dire qu'il ne réagissait pas. Il était inerte. La première chose qu'elle m'a demandé, c’est si j'avais été victime de violences sexuelles. Plus jeune, j'ai en effet subi des agressions sexuelles. Elle m'a expliqué que le corps ne se sentant plus en sécurité, l'utérus réagit de cette manière. Il devient inerte. Immobile.” Souvenirs qui ont été enfouis durant sa jeunesse, Ambre ressent ces signes du corps et décide d’en parler afin de se libérer : “Il y a comme une sorte de couvercle qui a été retiré. Je me suis autorisé à en parler. Le fait d’exprimer mes émotions a eu un impact. L’ostéopathe a senti que l’utérus était plus souple et réagissait davantage.”

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Une spirale infernale de violences

Les survivants de violences sexuelles tendent à revivre des situations de violences, que cela soit envers eux-mêmes (automutilation) ou bien en s’engageant dans une autre relation abusive (Potter, L., 2002). Ils s'engageraient dans une série d’actions délétères pour le corps. C’est le cas de Camille : “Toute petite, ma mère, qui a été victime d’inceste, nous a appris à faire notre toilette intime et pour elle, il fallait entrer dans le vagin, dans le col, pour se laver. Quand j’y pense maintenant, il y a toujours un truc pour nettoyer cet endroit-là, comme si c’était un endroit sale et qu’il fallait toujours le nettoyer. J’ai raconté cet épisode à mon gynécologue et il m’a dit que j’avais une flore naturelle et qu’il ne fallait jamais rentrer avec les doigts pour nettoyer là-dedans. J’ai donc arrêté de le faire car, depuis ma jeune adolescence jusqu’à être maman, j’avais toujours des mycoses en me lavant et j’allais détruire ma flore naturelle.”

Marie, survivante d’inceste, a répété les violences subies sur son corps par le biais de multiples partenaires sexuels. “Ma vie amoureuse était une catastrophe et encore aujourd’hui, je n’ai jamais réussi à avoir un couple qui dure plus de trois ans. C’est le profil typique de la victime de l’inceste. J’ai accumulé tout ce qu’une survivante pouvait vivre, c’est-à-dire à la fois les comportements autodestructeurs, par le biais d’aventures sexuelles multiples, ou alors des couples dysfonctionnels, jusqu’à rencontrer un pervers narcissique, donc quelqu’un qui finalement reproduit une maltraitance sous un angle différent ”.


Le corps, une enveloppe protectrice malgré tout

Selon le DSM, les dysfonctions sexuelles sont caractérisées par une “perturbation des processus qui caractérise le déroulement de la réponse sexuelle ou par une douleur associée aux rapports sexuels.” Elles peuvent prendre diverses formes dont le trouble du désir sexuel, qui se caractérise par l’absence ou la réduction du désir sexuel, voire une aversion phobique des contacts sexuels. Des troubles de l’excitation sexuelle ou de l’orgasme se manifestant respectivement par une difficulté à obtenir et/ou maintenir une excitation sexuelle ou par une difficulté d’atteindre l’orgasme. Elles prennent également la forme de troubles sexuels avec douleur, comprenant la dyspareunie et le vaginisme. Dans le premier cas, il s’agit d’une douleur génitale récurrente ou persistante associée aux rapports sexuels. Dans le second, le vaginisme, il s’agit d’un spasme involontaire, récurrent ou persistant, de la musculature du tiers externe du vagin qui interfère avec la pénétration vaginale.

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La suite sur le site :

https://facealinceste.fr/blog/enquetes/survivre-aux-violences-sexuelles-enquete-sur-le-difficile-rapport-au-corps



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