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L'enfant exposé à la violence conjugale : victime ou témoin ?

Extrait d'un article lu sur le site cairn.info


Les recherches sur les enfants exposés à la violence conjugale permettent actuellement de disposer de données solides sur les conséquences néfastes de cette violence pour l’enfant. Les lignes qui suivent visent à montrer comment les explications proposées pour rendre compte de l’impact de cette violence conduisent à identifier les besoins d’aide pour l’enfant et, surtout, à reconnaître la nécessité de soutenir la mère si l’on veut aider l’enfant.


Les violences conjugales auxquelles nous référerons impliquent une femme victime et un homme agresseur. En dépit de la réciprocité de la violence au sein du couple suggérée dans certaines enquêtes épidémiologiques, les enfants sont davantage susceptibles d’être témoins d’actes de violence contre leur mère que contre leur père, et de voir ou d’entendre les agressions les plus graves contre leur mère (Rinfret-Raynor et Cantin, 1994). En outre, les situations de violence conjugale prises en charge dans les contextes cliniques, communautaires ou judiciaires reflètent surtout celles d’hommes agresseurs et de femmes victimes. Que ce soit en Europe, en Amérique ou au Québec, les femmes représentent 85 % à 95 % des victimes de situations rapportées de violence à la maison (Riou, Rinfret-Raynor et Cantin, 2003).


Difficultés de l’enfant exposé à la violence conjugale

L’exposition à la violence conjugale est une forme de mauvais traitement psychologique qui se manifeste de plusieurs façons puisqu’elle a pour effet de terroriser l’enfant, de l’isoler par crainte ou honte de la violence et, enfin, de le corrompre en le socialisant à l’abus de pouvoir et à des formes inadaptées de relations interpersonnelles (Holden, 2003).


Point de vue de l’enfant sur la violence

La situation de l’enfant exposé à la violence conjugale ne saurait être confondue avec celle de l’enfant exposé aux conflits conjugaux, la violence reflétant un abus de pouvoir et non un mode de résolution des conflits (Dobash et Dobash, 1979 ; Walker, 1984). Mais les modèles théoriques développés dans les études traitant des effets des conflits conjugaux sur l’enfant (Davies et Cummings, 1994 ; Grych et Fincham, 1990) se sont révélés utiles pour comprendre l’impact de la violence conjugale chez l’enfant en inspirant l’analyse du point de vue de l’enfant sur la violence.


La violence conjugale peut représenter une violation sérieuse des besoins de sécurité de l’enfant et créer chez lui un sentiment de menace. Plus la violence est fréquente et sévère, plus l’enfant devient sensible et vigilant face à tout indice annonciateur de violence. Les enfants exposés à la violence conjugale, comme leur mère, sont ainsi soumis au cycle de la violence. Ils adaptent leur quotidien au gré des phases. Ils ressentent la tension, subissent les effets de l’éclatement de la violence et caressent, lors de la phase de rémission, l’espoir que la violence ne se reproduira plus. Cette grande vigilance est source de détresse. Une exposition répétée à la violence provoque des sentiments de peur, de menace et d’impuissance, lesquels, en retour, suscitent des réponses moins adaptées au stress et aux défis du quotidien (Grych, Harold et Miles, 2003 ; Kerig, 1998).


Conclusion



Les besoins d’aide des enfants exposés à la violence conjugale sont nombreux et invitent à une action multicible. Le soutien à apporter ne peut se limiter aux difficultés d’adaptation de l’enfant qui apparaissent comme des conséquences directes de l’exposition à la violence conjugale. L’action doit promouvoir les compétences de l’enfant, favoriser son estime de soi et prendre en compte son analyse de la violence. Elle doit aussi viser à rétablir les frontières au sein de la famille et miser sur la force de la relation mère-enfant.

25Si l’on veut espérer des effets permanents dans l’aide apportée à l’enfant, on ne peut faire l’économie d’aider la mère de façon à ce que cette dernière puisse jouer adéquatement son rôle auprès de l’enfant. Dans un ouvrage précédent (Fortin, 2005a), nous avons proposé un cadre conceptuel susceptible d’orienter le choix des actions à mener pour venir en aide aux enfants exposés à la violence conjugale et qui amenait à consentir autant de ressources à la mère qu’à l’enfant. Plus récemment, nous avons élaboré un guide à l’intention des intervenantes des maisons d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, visant à soutenir les mères pour prévenir les effets néfastes de la violence chez l’enfant (Fortin et coll., 2007). Cela traduit une conviction profonde, celle que la mère est une personne essentielle au développement de l’enfant et que l’on ne peut aider l’enfant exposé à la violence conjugale sans soutenir la mère victime de cette violence.


Lire l'article dans sa totalité : https://www.cairn.info/revue-empan-2009-1-page-119.htm

Image : campagne contre les violences faites aux femmes, visuel Collectif Féministe Contre le Viol (Viols Femmes Informations : 0 800 05 95 95).



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